Hello Isabelle, d’où viens tu, quel est ton parcours ?
J’ai 42 ans et un long parcours dans la communication, en agence puis chez l’annonceur.
Passionnée de musique depuis l’adolescence, j’ai fait beaucoup de bénévolat dans ce secteur en parallèle de mes différents jobs.
➔ En 2016, je me suis demandé comment concilier ma passion et ma vie professionnelle.
En échangeant avec certains professionnels du milieu culturel, cela m’a conforté dans l’idée que j’avais des compétences qui pouvaient être utilisées dans ce secteur.
J’ai pris un temps de réflexion afin d’être sûre de mon choix. Je voulais être certaine d’être à ma place et surtout d’avoir quelque chose à apporter. Puis je me suis lancé en faisant une formation de Chargée de production au CIFAP (Montreuil) pour mieux comprendre l’écosystème dans lequel j’allais travailler.
➔ En 2017, j’ai démarré ma nouvelle activité en parallèle de mon job. C’était un peu sportif au quotidien, mais ça m’a permis de commencer à développer une clientèle sans prendre trop de risques. J’ai pris le temps de construire des fondations afin de pouvoir partir sereinement de mon job.
Comment t’es venue l’idée et l’envie de créer MOX et qu’est ce que c’est ?
Avant tout, je souhaitais mettre mon énergie et mes compétences professionnelles au service d’un sujet qui me passionnait.
➔ Puis j’ai fait un constat : les labels ont toutes les ressources nécessaires en termes de marketing digital et de communication. Mais il n’y en avait, selon moi, pas suffisamment pour les artistes indés. Or, ils ont de véritables besoins pour faire grandir leurs projets et ils méritent eux aussi d’être entourés de personnes compétentes qui comprennent véritablement leurs besoins et leurs valeurs. Je souhaitais leur apporter mon savoir-faire afin qu’ils puissent bénéficier de solutions de communication adaptées à leurs projets artistiques
MOX a été conçue comme une agence conseil en communication qui s’adresse aux artistes, aux labels, aux festivals et plus généralement à toutes les structures qui oeuvrent dans le domaine des musiques actuelles. Mon activité s’organise en 3 expertises fortes : de la stratégie de développement sous l’angle de la communication (mise en place sur une durée plutôt longue), du marketing digital (rédaction de contenus pour le web, community management et publicité online), de la rédaction de contenus (par ex. les biographies d’artistes).
Avec MOX tu accompagnes des artistes mais également des projets culturels dans l’élaboration de leur stratégie de communication, concrètement comment fais-tu ?
Je démarre par un premier rendez-vous de prise de contact qui permet de faire connaissance. La collaboration commence réellement avec la mise en place de rendez-vous de travail en face à face, au minimum une fois par mois. Je fais un état des lieux du projet, des actions à mener afin de toucher aussi bien les professionnels que le public. Je réalise un rétroplanning et je mets en place un calendrier d’actions que l’artiste et moi-même allons réaliser pour faire avancer le projet : production de contenus, conseils sur l’image, stratégie sur les réseaux sociaux… En gros, je suis une chargée de communication et de stratégie de développement entièrement dédiée au projet.
Selon toi qu’est ce qui chez MOX fait la différence ?
Ce qui fait la différence je crois, c’est la relation humaine et le conseil personnalisé. Je précise que je ne suis pas là pour donner mon avis sur les productions, d’ailleurs je travaille avec des artistes qui sont sur des esthétiques musicales très différentes. Il n’y a, selon moi, pas de solutions miracles ni de recette unique. Par contre, il y a des outils à connaître et une certaine réflexion à mener pour que le projet démarre sur de bonnes bases et soit le plus attractif possible. De plus, comme j’ai travaillé dans pas mal de secteurs d’activités auparavant, cela m’a permis de développer une certaine souplesse et une certaine adaptabilité. C’est un atout majeur lorsque l’on travaille comme moi sur des projets artistiques aussi variés que peuvent l’être la pop de Rosie Marie ou le rock’n’roll de Johnny Montreuil.
Tu es freelance, aujourd’hui dirais-tu que tu arrives à vivre de MOX ?
Honnêtement, pas autant que j’aimerai. Mais après un an d’activité je sens que le bouche à oreille commence à fonctionner et que le travail mené porte ses fruits, c’est ce qui me permet d’être confiante en l’avenir.
En terme d’évolution de ta petite entreprise, quels sont tes projets ?
Je souhaite continuer à développer et à pérenniser mon activité bien sûr. J’aimerais développer des synergies avec d’autres professionnels, travailler en réseau, partager des bureaux.
Par exemple, je travaille depuis quelques mois en binôme avec un directeur artistique également coach scénique, Sébastien Tanquart (Accompagnement et Compagnie). J’interviens régulièrement sur des missions de communication pour les artistes qu’il accompagne. Pour continuer dans ce sens, j’ai envie de développer le côté 360 en travaillant avec d’autres acteurs qui font de la production et/ou du booking et qui auraient envie d’intégrer un intervenant référent sur la communication de leurs projets. J’aime particulièrement travailler de cette manière, avoir l’impression de faire partie d’une équipe, ne pas être perçue simplement comme une prestataire externe pour une mission courte. Cela donne du sens à mon travail que de travailler dans la confiance avec des partenaires réguliers.
En tant que freelance, quelles sont selon toi les plus grosses difficultés au quotidien ?
Le plus difficile c’est d’arriver à trouver le fonctionnement qui nous convient le mieux. Il faut apprendre à être un peu indulgent avec soi-même au démarrage, on ne trouve pas son rythme de croisière du jour au lendemain.
La gestion du temps n’est pas simple non plus. Et ça peut être problématique de gérer la frontière très fine entre vie privée et vie professionnelle surtout quand on travaille de chez soi, comme c’est mon cas ! Je ne sais pas toujours m’arrêter ou tout simplement faire la part des choses.
Les joies de la vie en freelance, c’est évidemment devoir composer avec des rentrées d’argent en dent-de-scie. Ça peut vite devenir un énorme stress, il faut savoir faire preuve de distance et de discernement en arrivant tout de même à se projeter avec objectivité. Pour avancer et dédramatiser, je me répète souvent “c’est comme ça maintenant, mais ça ne le sera peut être pas la semaine suivante”.
As-tu développé avec le temps des solutions, des recettes secrètes pour palier à ces difficultés ?
Ma meilleure recette, c’est d’être super organisée ! C’est très personnel mais j’ai besoin de mettre en place un certain cadre et une certaine rigidité. C’est paradoxal, car la vie de freelance nous donne une certaine souplesse, mais c’est en étant très organisée que j’arrive à être le plus efficace.
Je mets en place des plannings hebdomadaires avec parfois des demi-journées entières planifiées pour certains clients, afin de ne pas me disperser. J’essaie également de me réserver des petits temps perso pour souffler, en allant au sport ou pour voir des expos par exemple. C’est important de se régénérer l’esprit et de laisser place à sa créativité, ce qui est primordial dans mon métier.
Enfin, on peut vite se sentir isolé quand on est freelance. Alors, il ne faut pas hésiter à travailler avec d’autres freelances. J’ai l’habitude de me retrouver avec d’autres collègues à la BPI. Une fois par semaine, on travaille là-bas côte à côte sur nos projets respectifs. Et franchement ça nous requinque pour la semaine, chacun(e) se nourrit des bonnes ondes de l’autre. Faites-le ça ne coûte rien, n’attendez pas d’être dans le creux pour mettre en place ce genre de bonnes habitudes !
Et quels sont les plus gros atouts de ton quotidien de freelance ? Ces petites choses qui te donnent envie de te lever le matin ?
J’ai la chance de faire un métier passion, j’aime ce que je fais, alors forcément c’est plus facile de se lever le matin. Ce que je préfère dans mon métier c’est l’échange avec les autres, les rencontres humaines, c’est ça mon moteur ! Et puis aussi, la conviction que la Culture est un secteur à défendre, à préserver par tous les moyens. J’essaie d’apporter ma petite pierre à un édifice qui a besoin qu’on le protège.
5 outils dont tu ne peux plus te passer ?
Je suis très attachée à l’écrit, cela m’aide à me structurer.
Je ne sors jamais sans mon agenda, je suis la reine des “to-do list”, j’utilise des semainiers (ce sont des carnets de planning hebdomadaires). Je ne peux pas me séparer de mon smartphone (depuis quelque temps, j’en ai même deux : un perso et un boulot). C’est évidemment mon premier outil de travail, même si parfois j’aimerais bien m’en détacher un peu, mais je n’y arrive pas. Lorsque l’on fait du community management, c’est difficile de prendre de la distance par rapport à cet outil. Enfin, j’utilise quotidiennement Spotify, j’écoute énormément de musique et suis toujours à l’affût de nouveautés.
3 morceaux qui te donnent la niaque pour affronter ta journée ?
Un morceau qui me rend hyper jouasse c’est “Song of a preacher man” de Dusty Springfield, c’est vraiment mon morceau feel-good par excellence.
“Huarache Lights” de Hot Chip c’est le morceau qui me donne envie de danser le matin dans la salle de bain. Rien de mieux pour démarrer sa journée du bon pied !
Pour finir, je citerai “Courage” des Villagers. Ce n’est pas un morceau dansant mais il parle d’accomplissement, de courage d’être soi. Il me rappelle qu’il est primordial d’être en phase avec soi-même pour être heureux.
1 modèle de réussite ?
Alors là… c’est difficile ! Je crois que je n’en ai pas forcément, en fait. J’ai juste besoin de faire quelque chose qui me ressemble avant toute chose. Bien évidemment j’ai des figures féminines que j’admire et qui m’inspirent au quotidien. Mais cela n’a pas été un déclencheur, je ne les qualifierais pas de modèle. Mon unique déclencheur, ça a été de faire quelque chose de ma vie avec lequel je sois en phase.
1 chose que tu as très, très envie de nous dire là maintenant tout de suite ?!
J’ai envie d’encourager ceux qui souhaitent entreprendre à ne pas baisser les bras, on a beaucoup de chance d’exercer dans ce domaine. J’aimerais vous inviter à partager, à échanger. Pour moi, c’est de cette manière qu’on fait la différence. La culture est un écosystème fragile, c’est pour cela qu’il est important de se serrer les coudes et de penser collectif.
Et n’oubliez pas de vous marrer surtout ! On peut travailler sérieusement sans se prendre au sérieux 😉
Bravo Isabelle, je suis content pour toi, tu mérite de réussir, et tu fais ce que tu aimes… je sais ce que c’est que d’être free lance pour l’avoir été de nombreuses années… ne te décourage pas quand ça va moins bien, fonce, et vas de l’avant…longue vie à MOX musique ! je t’embrasse
Merci pour elle JP ! Longue vie à MOX !
Big Up à la chroniquese et à la chroniquée. Pour ceux qui ne les connaissaient pas n’hésitez pas à les contacter pour bosser ! Bon esprit !
Merci beaucoup Alex !
Chouette article! La douce joie du travail en free-lance…
Oui Valérie ! c’est pas simple tous les jours, mais dans le fond on aime ça ? ah ah