Hello Yann, d’où viens tu, quel est ton parcours ?
Je suis Francilien, j’ai fait une fac de géographie et j’ai obtenu un master en géographie humaine et aménagement du territoire, gestion de projet.
La gestion de projet est une compétence qui me sert dans mon métier actuel, ce n’est pas tout à fait la même chose mais on utilise les mêmes méthodes et la même rigueur.
J’ai toujours été mon propre patron, avant de monter “La Tête de l’Artiste” j’ai monté et tenu un commerce pendant 5 ans. J’ai toujours aimé entreprendre, j’ai toujours eu ce besoin d’être autonome et j’ai toujours pris plaisir à me fixer des objectifs mais tout cela à mon échelle personnelle. Si j’y réfléchis bien, a côté de mes études ou de mon job l’écriture a toujours eu une place importante : j’écrivais de courts textes et j’ai même rédigé un roman social qui a été publié “Rouge Brun”.
En 2011, “La Tête de l’Artiste” existait déjà sous un autre format. À l’époque, je prenais plaisir à réaliser des interviews de réflexion sur l’art (en vidéos en plan serré d’où le nom La Tête de l’Artiste, un exemple avec l’interview du pape de l’underground Jean-Louis Costes). Cela me permettait de parler de problématiques liées à l’art avec d’autres artistes. Je faisais également de la musique en amateur. En traînant avec les musiciens qui m’entouraient entre les répèt, les heures de studios et les différents concerts il m’a paru important de leur donner la parole : j’ai alors commencé à les interviewer. Le but de ces entretiens était de les faire réfléchir à ce qu’était leur quotidien d’artiste (par ex avec Abel Chéret et Antigone Project).
Avec des amis artistes, on réfléchissait au fait que c’était toujours le même type d’artistes qui étaient mis en avant. On se demandait comment se mettre en avant nous-mêmes en étant totalement indépendant (pas de label, pas de tourneur…) En parallèle des interviews je réalisais des clips et je faisais de la captation de concerts. Après une centaine d’interviews je suis parti m’installer dans le Sud. Après une courte période de chômage et de remise en question (ce n’était pas une période très joyeuse avouons le) j’ai vu passer une offre de bénévolat à La Grosse Radio en tant que rédacteur en chef de la rédaction rock, j’y ai répondu en demandant combien c’était payé (rires) et j’ai été embauché en février 2015, après entretien, évidemment !
Pendant les 3 années suivantes, j’ai relancé la machine à la rédaction rock et de nouveaux rédacteurs sont arrivés. De mon côté, j’écris 25 chroniques longues et 180 articles tout confondu (interviews, news, live reports) par an. Je m’occupe du recrutement, des partenariats, des concours et des publicités payantes. Je suis aussi depuis un an secrétaire du bureau de l’association.
En 3 ans je me suis bien implanté dans le secteur musical. J’y ai développé mon réseau (des musiciens, des labels, des attachés de presse, des tourneurs). En étant attaché de presse aujourd’hui je continu mon travail de rédac chef bénévolement à La Grosse Radio, je dois ma situation actuelle à Mallis qui est le président de La Grosse Radio, il a ma reconnaissance éternelle pour tout ce qu’il a fait et ce que la confiance qu’il m’a offerte a pu m’apporter. La Grosse Radio a 15 ans aujourd’hui, pourvu que ça dure, je m’y attelle ainsi qu’une centaine d’autres personnes !
Comment t’es venue l’idée et l’envie de créer La Tête de l’Artiste et qu’est ce que c’est ?
En travaillant à La Grosse Radio j’ai rencontré pleins de groupes en total indépendance, en Do It Yourself. J’ai observé leurs lacunes même au delà de la communication, la manière dont ils se “vendaient” n’était pas la bonne. J’ai commencé à discuter avec eux de leurs méthodes, j’ai lié des amitiés avec plusieurs groupes, pour certains j’étais le seul à écrire des articles sur eux… Au printemps 2017, j’ai commencé à réfléchir à l’option de devenir attaché de presse.
J’en ai parlé avec quelques attachés de presse qui m’ont répondu qu’ils pensaient que j’avais les qualités pour le faire. J’ai proposé à 2 groupes mes services de RP : j’en ai parlé à Fabulous Sheep que je connaissais depuis 4 ans déjà, avec qui j’avais pu tisser des liens amicaux et avec Some Smoking Guys, ils ont accepté car ils avaient confiance en moi, je les connaissais depuis mes débuts à La Grosse Radio.
En septembre 2017, j’ai participé à la journée de la MOB, une rencontre entre porteurs de projets culturels et professionnels, Alex Monville (l’un des professionnels présents autour de la table) m’y a rassuré et avait compris mon profil, mes envies et m’a incité à m’y mettre sérieusement. Le jour même j’ai signé mon premier contrat avec The Kinds par le biais de notre chère Isabelle Fontan. Pour finir de me rassurer, avec un de mes “tontons”, Denis Adam, j’ai fait un stage en tant que chargé de communication au festival Reggae Temple en octobre 2017. J’étais lancé ! Et depuis les deux premiers groupes, je n’en démarche plus aucun, le bouche à oreille m’assure des demandes constantes et régulières, de qualité. C’est bon signe !
➜ La Tête de l’Artiste est donc une agence de communication spécialisée dans les relations publiques.
Avec La Tête de l’Artiste tu t’occupes de la promotion presse pour différents projets artistiques. Choisis-tu les projets sur lesquels tu travailles ?
“Agence de communication complètement rock”, ça veut dire quoi ?
Agence de communication complètement rock, ça veut dire que c’est dédié aux groupes de rock au sens large, rock dans le style musical et dans l’attitude surtout. Pour réussir à les vendre au mieux aux journalistes j’ai forcément besoin de travailler au mieux leur communication. Cela passe par exemple par l‘écriture de biographies sous forme de chroniques. Pour travailler sur un projet il faut que la musique me plaise et il faut aussi que le courant passe, comme Benoît Poelvoorde le disait dans “Les portes de la gloire” : “On a pas 2 fois l’occasion de faire une bonne première impression ! ” Cette phrase vaut aussi pour moi avec les journalistes car nous sommes dans un métier d’image et de séduction.
Selon toi qu’est ce qui chez La Tête de l’artiste fait la différence ?
Je suis complètement rock, mon fond est résolument punk. Je cherche des relations franches avec les gens en général que ce soit des artistes ou des journalistes. C’est ce qui fait que maintenant certains journalistes perçoivent la Tête de l’Artiste comme un label. Ce qui n’est pas le cas mais ça y ressemble, ne serait-ce que par la cohérence musicale de mon “roster”. On verra à l’avenir, je manage déjà Fabulous Sheep et c’est déjà beaucoup 😉.
Tu es freelance, aujourd’hui dirais-tu que tu arrives à vivre de La Tête de l’Artiste ?
Oui. Voilà. (rires)
J’arrive à en vivre correctement. L’an dernier par exemple je me suis occupé de 12 groupes, ce qui a généré un chiffre d’affaire non négligeable pour une première année. C’est confortable mais il faut penser qu’en juillet-août, quand il n’y a pas de sorties d’albums, on ne touche rien donc il faut aussi mettre de côté pour les mois difficiles.
En terme d’évolution de ta petite entreprise, quels sont tes projets ?
Si vous voulez un scoop normalement à la rentrée si tout se passe bien je serai 2 (rires). Je suis entrain d’essayer une collaboration avec une RP parisienne. À terme si ça pouvait devenir un label à 360, j’aimerais bien, mais ce n’est pas le sujet pour le moment et cela demande bien plus de connaissances, que j’acquiers doucement.
Au niveau des styles musicaux, j’aimerais bien m’ouvrir à de nouveaux réseaux. Par exemple, je ne travaillais l’an dernier qu’avec des groupes qui chantaient en anglais, c’était pas forcément fait exprès mais du coup depuis ce semestre je travaille avec des groupes qui chantent en français (avec CEYLON, MaisonClose et DBK Project par ex…), cela élargit le champ des possibles en terme de ciblage de médias.
En tant que freelance, quelles sont selon toi les plus grosses difficultés au quotidien ?
La gestion du temps. Il faut être le plus carré possible pour traiter les dossiers dans le bon ordre. Il faut avoir les priorités en tête, bien traiter son semainier pour laisser des créneaux précis pour chaque groupe, et avoir du temps pour les demandes secondaires. Pour moi-même la difficulté c’est aussi d’être à 600 km de Paris, ça me demande une organisation particulière pour prévoir des déplacements professionnels réguliers à la capitale, là où quasi tout se passe…
As-tu développé avec le temps des solutions, des recettes secrètes pour palier à ces difficultés ?
Oui et elles sont secrètes (rires). Le point le plus important est l’organisation. Je n’ai pas vraiment de recette secrète, mais si je devais en avoir une ce serait l’effort constant, je bosse de 9h30 à 19h30 tous les jours et je m’y tiens. Il faut aussi savoir se remettre en question, car quand on est freelance on a des montées d’adrénalines et des baisses en fonction des résultats, c’est les montagnes russes émotionnelles. Il faut savoir gérer cela avec beaucoup d’efforts mais aussi en gardant du temps pour soi-même.
Et quels sont les plus gros atouts de ton quotidien de freelance ? Ces petites choses qui te donnent envie de te lever le matin ?
D’obtenir des résultats pour les groupes ! De les faire accéder à une certaine reconnaissance médiatique. Chaque résultat est un succès et c’est hyper motivant. Satisfaire mes clients est vraiment la chose la plus importante pour moi. Et aussi de pouvoir gérer mon temps, choisir mes groupes comme je veux, de ne pas avoir de patron ni de machine à café avec des collègues autour (rires). Le kiff de ce métier c’est de pouvoir tout gérer de a à z et de se déplacer souvent, d’aller à des concerts, à des festivals et de pouvoir vivre de la musique et on est très peu à en vivre…
5 outils dont tu ne peux plus te passer ?
➜ Malheureusement, les GAFA. Tout mon travail est sur Google Drive et mes groupes de discussion avec mes groupes sont sur Facebook. J’habite dans un village bien reculé donc à contre-coeur je commande pas mal sur Amazon, c’est nul, je sais, mais c’est rapide. Et Apple non en fait, c’est pour les bourgeois (rires).
➜ Evidemment, mon Samsung S9, mon outil inséparable de travail, comme je suis en déplacement très régulièrement, j’ai absolument besoin d’un assistant numérique hyper efficace.
➜ Sur mon bureau : mes 2 écrans 24 pouces (base de données Google sheet sur l’écran de droite, Gmail sur celui de gauche et let’s go!), mon agenda semainier noirci à mort et mes innombrables post-it !
➜ Mes bouchons d’oreilles Earpad pour les concerts, se protéger l’ouïe pour bien savourer. Très important quand on voit plus de 100 groupes par an en concert…
➜ Mes écouteurs aussi, j’écoute de la musique plus de 10 heures par jour et partout. C’est une de mes seules drogues, et il y a toujours un type de musique pour un moment donné, selon votre humeur. Ma vie a sa BO de chaque instant.
3 morceaux qui te donnent la niaque pour affronter ta journée ?
“Don’t stop me now” de Queen, mon morceau ultime, qui même selon les chercheurs est le titre qui rend le plus heureux. Le Rock suit et rythme mes journées. Ce qui me fait bien carburer en ce moment aussi c’est Royal Republic, hyper dansant. Si tu ne souris pas avec eux, alors…
“La Quête” de Jacques Brel, de la comédie musicale “L’homme De La Mancha”. Parce que Jacques déjà, et on poursuit tous un but, avec une quête pas forcément avouée. Sans but, on se transforme vite en poisson rouge. J’ai une forte propension à l’ennui, alors faire le tour du bocal, très peu pour moi.
“Move on up” de Curtis Mayfield, je ne suis pas qu’un rockeur, et ce titre m’a toujours reboosté à fond. J’aurais pu mettre aussi “Got To Give It Up” de Marvin Gaye, ou encore “Let’s Stay Together” d’Al Green.
1 modèle de réussite ?
Je n’en ai pas spécialement. Je mets chaque personne au même niveau, un chirurgien ou un plombier, kif kif, c’est presque le même taf. Je ne place personne sur un piédestal. J’ai cependant des références fortes parmi les autres attachés de presse : Mathieu Artaud et Julien Oliba de MathPromo, les boss. C’est Mathieu que j’ai appelé en premier lorsque j’ai voulu me lancer en RP, comme je le racontais plus haut, et Julien est un vrai zinzin donc je l’aime. Et également Tanguy Aubrée et Fred Lombard de Daydream Music, de vrais moteurs, des RP deluxe Valentine ! Je discute souvent avec eux, et même au quotidien avec Fred, mon alter égo (il est rédac chef comme moi, chez indiemusic pour sa part, prend aussi des photos de concerts, et j’en passe, c’est une perle de gentillesse !). J’échange beaucoup avec Anne-Laure Bouzy aussi, on se soutient, c’est une grande soeur pour moi, même si je suis beaucoup plus vieux !
Et dans le milieu de la musique indé, je citerais Tom, le boss du label Howlin Banana, qui a su seul et avec masse d’effort et de travail, faire que son label compte et soit reconnu, tout en ne se vendant pas artistiquement, en restant exigeant (The Madcaps, Volage, Th Da Freak, Kaviar Special…). Chapeau, monsieur !
1 chose que tu as très, très envie de nous dire là maintenant tout de suite !?
Soyez curieux !
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